In Francia cresce la disaffezione alla professione docente.
Diminuiscono i candidati all’insegnamento e nei prossimi otto anni
il 40% degli insegnanti andrà in pensione.
L'éditorial du Monde
Peu de candidats profs
Le Monde éditorial
QUATRE enseignants sur dix partiront à la retraite d'ici à 2010, au moment même
où les collèges et lycées sont confrontés à une redoutable crise des vocations.
L'éducation nationale est un cas symptomatique et inquiétant
d'une désaffection générale pour la fonction publique.
Le nombre de candidats dans le second degré diminue rapidement : 6,7 % de
postulants de moins que l'an dernier, lors de la session 2002. Les Capes et les
agrégations ont perdu plus du quart de leurs candidats en six ans. On a
longtemps regretté la surqualification des candidats aux concours, il y a de
bonnes raisons aujourd'hui de s'alarmer de la qualité future des recrutés. Avec
cinq candidats par poste en moyenne, l'éducation nationale peut certes encore
garantir le niveau de ses professeurs de lycée. Mais avec la diminution attendue
des étudiants dans l'enseignement supérieur, les difficultés de recrutement
risquent de s'accentuer.
L'enseignement n'est pourtant pas devenu un repoussoir : le nombre de profs
candidats dans le primaire croît de manière importante, avec 16 % de postulants
en plus en 2002. Ce bon chiffre illustre jusqu'à la caricature la différence d'image
entre les écoles maternelles et élémentaires et les collèges et lycées, où les
candidats ne se bousculent pas.
Les raisons en sont connues : les futurs profs s'inquiètent d'une possible
affectation dans une zone ou un établissement réputé "difficile" et dans un
département qu'ils n'auront pas choisi.
Le phénomène n'est pas spécifiquement français. La plupart de nos voisins
doivent également faire face au départ à la retraite d'une proportion importante
de leurs enseignants, recrutés il y a trente ans alors que le baby-boom faisait
exploser le nombre d'élèves. Mais le contexte français est particulier et l'éducation
nationale semble accumuler les incohérences.
Le nombre de professeurs des écoles a ainsi été sous-estimé pendant des années,
et le ministère est aujourd'hui contraint de faire appel à des milliers de
candidats recalés aux concours, qui viennent combler, dans l'urgence, les postes
vacants. Ces reçus sur "listes complémentaires" ne reçoivent aucune formation et
sont affectés, presque du jour au lendemain, dans les écoles élémentaires et
maternelles. Ils seront bien formés, mais après leur première année d'enseignement...
Plus choquant encore, ils héritent généralement des postes les plus difficiles,
notamment dans l'enseignement spécialisé, illustrant cette règle d'or que semble
observer l'éducation nationale : affecter les moins expérimentés sur les postes
les plus délicats.
Avec la suppression programmée dans le budget 2003 de 5 600 postes de
surveillants et le gel des créations d'emplois d'enseignants dans le second
degré, le gouvernement a choisi de faire supporter la rigueur budgétaire aux
seuls collèges et lycées. Au risque de signifier aux candidats que l'enseignement
secondaire n'est pas une priorité.
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 17.09.02