Da Le Monde

10.03.2003

 

La crescita dei corsi di sostegno prospera sull’angoscia dei familiari.

 

 

In Francia, a causa di  un’alta percentuale di insuccessi scolastici degli studenti, è fortemente in crescita il business dei corsi di sostegno privati a domicilio.

In particolare, la Top Profs,  società attualmente al primo posto in Francia  nel settore, dichiara un volume d’affare di 50 milioni di euro per quest’anno, con una crescita del 50% rispetto allo scorso anno.

L’incremento del business  è dovuto anche alla riduzione d’imposta del 50 % dei costi che le famiglie devono sopportare per la frequenza  ai corsi ( 120-150 euro mensili). Ma i genitori, nella speranza di vedere migliorare il profitto scolastico e accademico dei figli, pagano.

Pur con  perplessità e interrogativi:

- non dovrebbe essere la scuola a provvedere al recupero degli studenti più svantaggiati?

- Com’è possibile che gli stessi insegnanti statali indirizzino le famiglie presso società private o addirittura si offrano loro stessi, a pagamento e in privato,  a impartire lezioni private?

In Italia, un comportamento simile da parte dell’insegnante configura il reato di concussione ed è perseguito con pene variabili da 4 a 7 anni di carcere (art. 317 del codice penale).

 

Per ulteriori particolari, rinviamo  il lettore all’articolo sotto riportato.

 


 

LE MONDE | 10.03.03 | 13h02


Le marché des cours particuliers prospère sur l'angoisse des parents

Préoccupés par la réussite scolaire de leurs enfants et encouragés par des mesures fiscales qui réduisent de moitié le prix des cours particuliers, les familles font de plus en plus appel à des sociétés de cours à domicile. L'éducation nationale entend reprendre une place dans le soutien scolaire.

Surfant sur l'angoisse des parents, les entreprises de soutien scolaire se développent à grande vitesse. Acadomia, Complétude ou Top Profs connaissent une croissance forte dopée par un argument choc : la possibilité pour les parents qui paient des cours à domicile à leurs enfants de bénéficier d'une réduction d'impôt de 50 %, au titre des emplois familiaux (depuis 1991 s'il s'agit d'un particuliers, et 1996 d'une entreprise).

L'argument fait mouche. Numéro un du secteur, Acadomia prévoit un volume d'affaires de 50 millions d'euros pour l'année scolaire en cours, soit une progression de 50 % par rapport à l'année précédente. Et toute une économie informelle, exercée auparavant dans l'illégalité, émerge. Aux petites annonces affichées chez le boulanger s'ajoutent désormais les publicités dans les médias ou les mailings. L'ampleur du marché est difficile à évaluer mais atteindrait une centaine de millions d'euros pour sa partie déclarée, et trois fois plus si l'on inclut le travail "au noir".

Inquiet du développement de ces services marchands "qui bien souvent tirent profit des angoisses familiales et parfois des carences du système éducatif", le président de la principale fédération de parents d'élèves, la FCPE, Georges Dupon-Lahitte, a écrit, en janvier, au ministre de l'éducation, Luc Ferry, lui exprimant sa préoccupation. "Le service public d'éducation doit prendre en charge tous les enfants, leurs réussites et leurs difficultés, et être, ce que de nombreux parents appellent de leurs vœux, son propre recours."

Réservés traditionnellement aux familles aisées, les cours à domicile se diffuseraient de plus en plus dans les classes moyennes, voire modestes. "L'éducation, c'est un budget prioritaire, y compris en temps de crise, assure Hervé Lecat, qui dirige Complétude. Et la pression pour la réussite a diffusé dans tous les milieux sociaux." Les revenus supérieurs restent néanmoins majoritaires. "Avoir un diplôme est devenu un brevet de normalité sociale dans un contexte d'incertitude économique", confirme Dominique Glasman, sociologue.

Mohammed Ayachi, habitant de Vaulx-en-Velin, fait prendre à son fils, qui est en 4e dans un collège difficile, des cours particuliers de maths par la société Top Profs. "Ces cours nous coûtent de 120 à 150 euros par mois, auxquels s'ajoutent les prélèvements Urssaf, car, n'étant pas imposable jusqu'à cette année, je ne bénéficiais pas de la ristourne, explique M. Ayachi, aide-soignant. Mais l'essentiel, c'est que mon fils réussisse et ne devienne pas un vagabond de plus."

LES MATHS EN TÊTE

Cantonnés aux lycéens par le passé, les cours touchent de plus en plus les collégiens, voire les élèves du primaire. Les maths viennent en tête des cours particuliers, suivies par le français, l'anglais et la physique-chimie. "On prend des cours pour se maintenir à niveau dans une matière ou une classe où l'on est un peu juste, explique Dominique Glasman. Dans une minorité d'établissements, on se perfectionne pour devenir très bon et avoir un dossier béton pour accéder à une classe prépa."

Au lycée Charlemagne, à Paris, une grosse moitié des élèves suivraient des cours à domicile, voire les deux tiers en terminale S, estime le responsable de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE) de l'établissement, Jean-Louis Pierrel, qui explique ces pratiques par un "degré d'exigence excessif et une sous-notation manifeste". Des arguments que réfute la proviseure de l'établissement, Hélène Perrin, même si elle reconnaît l'ampleur des cours particuliers. "J'y suis très hostile et les professeurs sont également contre, assure-t-elle. C'est un système pervers, qui empêche les élèves de travailler personnellement, qui les déstabilise car ils ont affaire à une pédagogie différente, mais qui arrange les parents peu présents le soir."

AU SEIN DES ÉTABLISSEMENTS

Il n'empêche, les enseignants sont, après les étudiants, des pourvoyeurs, voire des prescripteurs, de cours, qu'ils passent ou non par la médiation d'entreprises spécialisées. "Le prof de maths de ma fille lui a conseillé de prendre des cours particuliers, s'indigne le père d'une élève d'un prestigieux lycée parisien. Il a même proposé de les donner lui-même." Confrontée à ce problème, la seconde fédération de parents d'élèves, la PEEP, a, depuis deux ans, un partenariat avec un site de soutien scolaire sur Internet. "L'idéal serait que ce genre de choses soient faites au sein des établissements, assure Christian Janet, son président, mais nous sommes pragmatiques."

Les dispositifs de soutien mis en place dans les collèges et les lycées n'apparaissent pas, aujourd'hui, à la hauteur des enjeux, en dépit des efforts de certains établissements ou collectivités territoriales. "Le développement des cours particuliers ne peut être mis uniquement au débit de l'école, déclare en préalable Philippe Meirieu, qui a participé à la réforme des lycées en 1999, il participe aussi de la montée de l'individualisme et de la méfiance vis-à-vis des institutions." Mais, précise le directeur de l'IUFM de l'académie de Lyon, "si nous avons assez largement échoué dans la mise en place d'un suivi individualisé au lycée, c'est que celui-ci était indissociable d'une redéfinition des missions des enseignants, ce qui n'a pu se faire."

Les moyens existent, plaide-t-on dans l'entourage de Luc Ferry, même si, pour partie, ils sont tombés en désuétude ou ont été détournés de leur mission initiale de soutien aux élèves en difficulté. Le ministère prévoit de rappeler, dans sa circulaire de rentrée, l'importance de ces dispositifs dans la lutte contre l'échec scolaire. "Les cours particuliers doivent être faits dans les établissements scolaires, affirme Bernard Toulemonde, inspecteur général de l'éducation nationale. Ce serait un échec d'externaliser notre travail."

Martine Laronche