In Francia, la scuola sciopera contro la politica dei tagli che il governo Raffarin,
ha programmato per i prossimi mesi.
Les enseignants accentuent la pression après le succès de leur grève
Khadra se sent
trompée. Aide-éducatrice depuis 1998 dans une école primaire de
Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), elle arrive en fin de contrat en
juin 2003. "Après cinq ans de bons et loyaux services, on nous
met dehors de manière brutale, explique-t-elle. On est des
bouche-trous". Khadra fait partie des 20 000 aides-éducateurs
dont le contrat se terminera à la fin de l'année scolaire. En ce jeudi
17 octobre après-midi, elle n'a pas hésité à braver la pluie pour
participer à la manifestation parisienne (10 000 personnes selon la
police, 15 000 selon les organisateurs) contre la politique du
gouvernement en matière d'éducation. Et ce n'est pas son problème, si,
avec les emplois-jeunes, Luc Ferry récupère la gestion d'un dossier initié
par le gouvernement précédent. "On fait tout, précise Khadra. Dans
l'école, nous avons remis à neuf la bibliothèque, nous animons l'atelier
informatique, faisons de l'aide au devoir, de l'encadrement scolaire pour les
enfants en difficulté, accompagnons les sorties, les activités
sportives..." Dans de nombreuses écoles, "les
aides-éducateurs sont devenus indispensables", assure Alexandra
professeur des écoles en CM2. "Je ne sais pas vraiment pas comment on
va se débrouiller sans eux." En tête du cortège, la longue banderole
blanche, derrière laquelle se serrent une quinzaine de secrétaires nationaux
des fédérations à l'origine du mouvement (FSU, UNSA-Education, SGEN-CFDT,
FERC-CGT et FAEN) ou de leurs syndicats, mais aussi les présidents de la FCPE
(parents d'élèves) et de l'UNEF (étudiants), reprend les trois grands thèmes
de cette journée d'action : le budget, les emplois, la défense du
service public. Aide-éducateurs, surveillants, conseillers principaux
d'éducation, agents administratifs et techniques, infirmières mais aussi
chercheurs ont défilé aux côtés des enseignants. Sur le refrain de Mon
Amant de Saint Jean, ils ont déploré les suppressions de postes : "Comment
ne pas perdre la tête, En voyant le dernier budget, Ces classes surchargées,
Ces postes pas créés, Et ces congés non remplacés..." Sur l'air de C'est
comme ça des Rita Mitsouko, ils ont dénoncé la "politique
répressive" du gouvernement : "... Quand Devedjian,
Sarkozy s'en mêlent Oh, Oh, il faut qu'on se bouge ! La répression des
enfants, des mineurs Ah ça fait peur..." "DES PIONS, PAS DES
MATONS" Parmi les slogans, plusieurs
dénonçaient la priorité donnée par le budget à la police et la défense :
"On veut des pions, pas des matons", "Du fric, du fric pour
l'éducation, Non, non, non aux porte- avions". Pour Cyril, conseiller
principal d'éducation, "la suppression de postes de surveillants va
avoir des effets néfastes sur la vie des élèves". Dans son collège
de Louvres (Val-d'Oise), Cyril se plaint qu'il n'y ait pas d'infirmière, pas
de médecin scolaire, qu'il manque deux aides-éducateurs, et que
plusieurs professeurs soient "vacataires", c'est-à-dire
précaires. Alexandra, surveillante à mi-temps dans une cité scolaire à
Paris, s'inquiète, elle, de la suppression de son gagne-pain. "Je
prépare l'agrégation de philo et j'ai besoin de temps. Avec ce travail, la
situation est idéale mais si on supprime mon poste, je vais devoir trouver un
travail ailleurs", explique-t-elle. Sur une caricature géante, un
Luc Ferry très ressemblant, costume-cravate et petites lunettes, tient une
arme de tir dans la main droite, façon James Bond. En grosses lettres, on
peut lire : "Surveillants, emplois jeunes = fini ! A quand
les flashballs pour les profs ?" Même si "Raffarin"
est souvent cité dans les slogans, c'est le ministre de l'éducation qui
cristallise les critiques. "Reprenez Ferry ! Rendez-nous
Allègre !" ironise un enseignant dans les rangs de
SUD-Education, déclenchant l'hilarité collective. Jean, professeur dans un
collège du 5e arrondissement de Paris, avait manifesté contre Allègre, en
2000. "Il a brisé notre aura, on va mettre 15 ans à s'en remettre
mais il avait raison sur le fait qu'il faut mener des réformes", estime-t-il.
"Ferry, lui, a été de tous les plans. Il n'a rien remis en cause.
C'est un homme usé, sans projet, qui continue ses petits bricolages comme les
itinéraires de découverte. Soit il n'a pas d'idées, soit il ne veut pas les
dire, soit il ne sait pas où il va", assène avec calme cet
enseignant de 54 ans. Pour Claire, professeur dans un collège d'Aubervilliers
(Seine-Saint-Denis), "il est surtout très doué pour faire passer la
pilule. Au début, il a affiché la continuité avec Jack Lang. Au final, ça
n'est pas vraiment le cas. Tout cela manque de visibilité." D'autres
estiment tout simplement que Luc Ferry "subit plus qu'il
n'impose", comme l'affirme Yann, jeune enseignant de lettres et
histoire, qui voit surtout en lui un "homo mediaticus".
"C'est sans doute un homme plein de bonnes intentions, habile à
réfléchir mais décalé par rapport à la réalité,renchérit un peu plus loin
François, professeur de lettres dans un collège de Meaux (Seine-et-Marne). Il
ne dirige pas la manœuvre et est en train de se laisser avoir. On entend plus
Xavier Darcos que lui." La façon dont les ministres
gèrent le dossier de la décentralisation est souvent mise en cause. Les
personnels Atoss (personnels administratifs, techniques, ouvriers, de santé
et de service) s'estiment particulièrement visés et redoutent de voir la
gestion de leurs métiers déléguée aux régions. "Nous manquons
totalement d'informations, nous ne savons pas ce qu'on va devenir,
déclare Norbert, 32 ans, cuisinier dans un collège à Bonneuil-sur-Marne
(Val-de-Marne). Si on nous donne aux régions, on risque de toucher à nos
formations, à nos acquis." A ses côtés, Patricia, gardienne dans un
lycée de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), craint une dégradation de ses
conditions de travail, "déjà difficiles": "Je fais
43 heures par semaine pour compenser le fait qu'on me loge. Avant
l'application des 35 heures, j'en faisais 50. Je vis dans un tout petit
logement avec mes trois enfants. Avec la décentralisation, je ne sais pas
comment tout ça peut tourner." A un an de la retraite,
Marie-Claude, intendante dans un établissement scolaire parisien, s'inquiète
surtout pour ceux qui suivront : "Nous avons eu de belles
carrières, mais je ne suis pas sûre que mes jeunes collègues aient les mêmes
perspectives." "PRIVATISATION DES
CANTINES" A Lyon, après les déclarations
de la présidente UDF de la région Rhône-Alpes, Anne-Marie Comparini,
revendiquant le transfert complet du bloc éducatif, quelque
2 000 enseignants et personnels éducatifs étaient dans la rue pour
dire avant tout leur opposition à la "décentralisation-régionalisation"
de l'éducation et à la remise en cause de "l'égalité
républicaine". "Nous ne voulons pas d'un démantèlement du système
éducatif français, estime un professeur de sciences-éco du lycée de
Saint-Genis-Laval (Rhône). Le projet du gouvernement de transférer des
compétences va creuser les inégalités entre les régions et contribuera à
détruire le caractère national de l'enseignement et des diplômes." A ses côtés, un technicien de
laboratoire explique qu'il ne veut pas "être mangé par la
Région". "J'ai été engagé par l'Etat. On est en train de rompre mon
contrat. En transférant les missions des personnels Atoss aux régions, cela
ouvrirait la voie à leur privatisation. On a vu ce que donnait la
privatisation des cantines : les enfants défavorisés ne mangent plus.
Luc Ferry veut tuer l'école de Jules Ferry." Martine Laronche et Marie-Laure
Phélippeau, avec Sophie Landrin à Lyon Le baiser empoisonné de Jack
Lang Alors que Luc Ferry fait
l'objet de critiques au sein du gouvernement pour ne pas avoir suffisamment
marqué la rupture avec Jack Lang (Le Monde du 18 octobre), l'ancien
ministre socialiste s'est fendu d'une déclaration de "reconnaissance"
envers son successeur. Sur les ondes de France-Info, jeudi 17 octobre,
M. Lang a salué le choix de M. Ferry de "poursuivre les
réformes que nous avons engagées". "C'est une bonne
chose", a-t-il expliqué ajoutant que l'actuel locataire de la Rue de
Grenelle "y avait apporté sa contribution". M. Lang a
cependant regretté que "le même esprit de continuité n'ait pas
prévalu sur le plan budgétaire", précisant que "cela
dépassait la personne de M. Ferry". "De manière
générale, l'ensemble des ministères culturels liés à l'avenir de la jeunesse (...)
subit des coupes très sévères", a-t-il expliqué. Selon le député (PS) du
Pas-de-Calais, "ce n'est pas un bon choix qu'un gouvernement sacrifie
ces dépenses d'avenir, au bénéfice de crédits militaires ou au bénéfice de
baisses d'impôt en faveur des plus privilégiés". • ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 19.10.02 |
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